Confidences : 4ème émission « Meilleur Pâtissier 2013 »

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Semaine 4.

Je suis motivée à bloc. Tellement contente de toujours être en course.

La semaine précédente a été un cauchemar. Hors de question que cela se reproduise. Je fais un véritable travail dans ma tête.. à savoir effacer les mauvaises dégustations, les erreurs de timing, de lecture. Il faut absolument que je me ressaisisse car je ne veux pas partir.

Je sais que beaucoup de gens de la prod et peut-être même des candidats pensent que je serai la prochaine sur le départ. Rien que pour leur montrer qu’ils ont tort, je veux me battre comme jamais. Je veux leur montrer que j’ai ma place dans ce concours, que je ne suis pas complètement stupide et que je sais lire une recette.

Je me remets en question pour gommer mes défauts, mais il me reste encore quelques doses de confiance en moi et surtout un énorme stock d’énergie et d’envie ! Sabrina, JM, Gérald, Agathe, Stella, Mounir : I’m back dans la course.

ÉPREUVE SIGNATURE : Biscuit en sachet de thé

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Thème du jour : « Biscuits maison ». Je décide de proposer des petits sablés en forme de sachet de thé, au jasmin. 

J’avais vu cette forme un jour sur un magazine. Je vais ajouter un peu de glaçage au caramel. Après la pluie, le beau temps n’est-ce pas? Je pars confiante.  Je me lance.

Il faut rendre 30 petits sablés. Tous les autres candidats partent sur des sablés que l’on connait, du coup c’est presque plus dur pour eux car Cyril et Mercotte vont pouvoir comparer leurs créations avec le goût connu des sablés. 

Mercotte et Cyril ont l’air étonné quand je leur annonce ce que je vais faire, ils me mettent en garde sur le surdosage du jasmin, alors qu’en fait ce qui m’inquiète c’est l’inverse, je suis plus stressée sur le fait que l’on ne sente pas assez le jasmin… 

Poker face comme d’hab, je fais la fille qui gère et qui sait parfaitement ce qu’elle fait.

Chance incroyable, je termine l’épreuve in extremis, j’ai à peine le temps d’enfiler les ficelles et les étiquettes sur chacun de mes sablés. J’avais prévu de faire un double nœud sur chaque ficelle mais je m’aperçois que je n’aurai pas le temps.

Je me sers de ça pour dire à Cyril et Mercotte que c’est prévu, et que c’est pour « simplifier la dégustation ». « Vous n’aurez juste qu’à tirer la ficelle qui se détachera très facilement du sablé ».

Voilà, je rebondis comme je peux ;-). La dégustation se passe bien, ils aiment l’originalité du biscuit et le jasmin est bien dosé. Je suis enfin satisfaite ! Youpi. La semaine commence bien.

ÉPREUVE TECHNIQUE : Le fraisier

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OK j’avoue. Je n’ai jamais fait de fraisier de ma vie. Je ne suis pas fan. Je trouve ça trop lourd.

Quand j’ai vu que nous avions un fraisier à faire, j’ai immédiatement pensé au livre de C.Michalak que j’ai à la maison, preuve à l’appui ci-dessous, il pose les fraises sur le biscuit !!! J’ai voulu bien faire…  comme lui… Si on ne peut plus croire à un champion du monde, on fait quoi ? 

Manque de chance, Mercotte a décidé qu’un vrai fraisier était un fraisier où l’on ne voyait pas la base du biscuit. Nous sommes ¾ à avoir fait cette « faute ». Cela reste à discuter franchement…  Il y a vraiment deux écoles.

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L’épreuve se passe plutôt bien ! Mais comme je suis née en détestant profondément les épreuves techniques… il fallait donc que je me sabote…  et donc quand il y a écrit noir sur blanc sur la recette « Incorporez 50% du beurre à tel moment et 50% du beurre à tel autre moment », je vais lire « incorporez 100% du beurre tout de suite ».

Voilà… Je crois que je vous ai tout dit. On arrive à un niveau de bêtise impressionnant quand même !!!

Mon cerveau a dû rester à l’hôtel. Je ne sais pas à quoi je pense à ce moment précis mais c’est du grand n’importe quoi. La dégustation des épreuves techniques est un peu différente, les gâteaux sont alignés et dégustés à l’aveugle.

Cyril dit « Ah bah là pour une fois il n’y a pas eu de catastrophe, on voit qu’il y a du niveau, ils ont tous des têtes de fraisiers ».

Intérieurement je rigole et je me dis, « ah bah vas ’y Cyril, goûte mon fraisier, tu vas voir s’il y a toujours du niveau ». Cyril goûte mon fraisier et dit avec dégoût  « Ah mais on ne sent que le beurre… » AH BAH OUI Cyril on sent bien le beurre… Mais la honte mais la honte !!!

Allez expliquer à haute voix « J’ai lu votre recette, j’ai failli la respecter à la lettre, mais j’ai fait autrement… ». Non impossible. Et rebelote, je termine dans les trois derniers.

Ce que je ne vous ai encore pas raconté, c’est que lorsque vous faites partie des trois derniers, vous avez le privilège incroyable de refaire une « itw » que j’appellerai « itw émotion ». 

Il est forcément tard, la journée a été super longue, généralement il fait nuit et froid. Nous sommes donc interviewés dehors, devant la tente, pour répondre à la fameuse question : Alors ? Comment te sens-tu en ayant terminé avant dernière de cette épreuve technique? Comment abordes-tu l’épreuve créative de demain ? 

Au bout de la 4ème semaine, je suis rodée. J’ai à peu près toujours le même discours. Je suis malheureusement d’accord avec le classement, je suis saoulée (généralement),  je suis abattue mais cela ne durera que quelques instants. Inutile de préciser que j’aborde ce concours en mode « guerrière », et que toute nouvelle épreuve est à aborder positivement. Tout ira donc bien demain.

La part de psychologie est énorme dans ce concours. Je ne m’en rendais pas compte au début. L’auto-persuasion, le fait de ne jamais baisser les bras, d’accepter les critiques de Cyril et Mercotte (en souriant bêtement pour ne pas pleurer), font que je tiens le coup. Je sais que j’ai des lacunes techniques énormes par rapport aux autres candidats et qu’il va bien falloir que je fasse la différence en utilisant d’autres armes. C’est la guerre de nerfs ici.

ÉPREUVE CRÉATIVE : Structure en macaron

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Durée de l’épreuve : 4h. Tout le monde prend son petit déjeuner dans le silence.

Tout le monde a la tête plongée dans son bol et se pose la même question : Le four? Comment va t-on faire pour cuire 100 macarons avec ce four? 

C’est THE épreuve que tout le monde redoute. Evidemment que l’on sait tous faire des macarons, mais combien de temps avons-nous mis pour les réussir chez nous ? Combien de tests de cuisson avons-nous du faire pour qu’ils soient parfaits ? Le macaron, on peut le réussir aussi bien que le rater. C’est une question de mille petits ajustements qui font que ce sera une réussite. OU PAS. 

Le four de notre plan de travail devient alors notre pire ennemi. La quantité à sortir : « 100 macarons » est astronomique.  Le gros problème est qu’il va falloir enfourner plusieurs plaques en même temps. 

Deux écoles pour le macaron : le macaron à la meringue française (mélange de tant pour tant de poudre d’amande et de sucre glace auquel on ajoute des blancs d’œufs montés), et le macaron à la meringue italienne  (tant pour tant auquel on ajoute un mélange de « sucre cuit et de blanc d’œufs ». Cette méthode est bien plus contraignante et longue mais beaucoup de gens trouvent que la coque se tient mieux…

Je décide de partir sur cette méthode et d’affronter ces millions de difficultés.

J’aborde cette épreuve un peu comme un marathon, 4h d’épreuve c’est long, très long. Gérer son temps, ce n’est pas mon truc… 

Le guest est Yannick Lefort, Grand Maitre du Macaron en France qui exporte des millions de macarons dans les 4 coins du monde. Signes particuliers? Une chemise à fleur qui ressemble étrangement à la mienne et une queue de cheval improbable ! 

Je commence donc par faire un premier appareil (oui pour 100 macarons, je vais devoir recommencer 3 ou 4 fois la préparation…).

Quand Yannick arrive à mon plan de travail, il note que j’ai mis le colorant en poudre une fois que mes blancs ont été montés. Erreur… il aurait fallu le mettre au départ, afin que les particules se mélangent bien. OK. J’avance, je suis concentrée comme jamais.

Les minutes défilent, je pars dans mes ganaches, passion/chocolat au lait, je tente de refaire le Mogador de Pierre Hermé. Mon macaron anti-coup de déprime. J’en suis dingue.

Pour l’autre ganache, je voulais partir sur un orange curd. Au dernier moment je décide d’ajouter du jus de Yuzu, agrume japonais, qui a un goût de mandarine. Je suis super contente, c’est délicieux. Au moins les ganaches sont réussies.

Yannick me dit que c’est lui qui a inventé le mélange chocolat au lait/passion, et qu’il m’attend au tournant. Pression supplémentaire donc.

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Je rencontre des difficultés avec mes macarons, je les fais trop grands au départ et si je continue comme ça, je n’arriverai jamais à en sortir 100… Je réduis la taille, mais du coup la cuisson n’est plus la bonne, bref, c’est la panique.

Je sors de ma bulle et je me rends compte qu’autour de moi c’est véritablement l’hécatombe !

Mounir derrière moi qui est d’habitude très sûr de lui, qui arrive à plaisanter non-stop parait complètement déstabilisé, ses macarons ne cuisent pas du tout comme prévu, il est dépité, j’essaie alors de l’aider comme je peux en lui indiquant la chaleur que j’utilise, les ouvertures de porte du four que je fais, bref j’essaie de l’aider comme il a pu m’aider sur d’autres épreuves. (Bon ça bien entendu, on ne le voit pas à la télé, car ça m’aurait donné un côté « humain », presque sympathique, qui ne collerait pas du tout  au côté « petite parisienne, au vernis à ongle qui dit des gros mots H24)….

Parenthèse : Jamais je n’aurais pensé en arrivant à ce concours qu’il y aurait cette entraide entre candidats. Jamais. J’arrive en Killeuse, pas du tout pour me faire des amis. Finalement, l’esprit compet s’évapore complètement, on se bat d’abord contre soi-même, et durant les épreuves, personnes ne laissait un candidat craquer sans rien faire.

Agathe m’a souvent aidée. La cuisine même en plein concours, c’est définitivement DU PARTAGE AVANT TOUT.

Je tourne la tête et je vois Gérald, cette bête humaine, cette force tranquille comme on aimait l’appeler, s’effondrer également, incapable de sortir des macarons.

Puis je vois Stella partir de la tente super mal. Bref c’est l’enfer cette épreuve. 

Je me répète en boucle dans ma tête (et même par moment à haute voix), « je ne lâche rien, je ne lâche rien ».  J’ai dû me le dire 100000 fois à peu près.

Je pense au cours de sophrologie que j’avais pris juste avant le concours. Il m’avait dit qu’en cas de doute, de faiblesse, il fallait que je pense à une personne super forte de mon entourage,  qui résiste à tout, qui n’a peur de rien, qu’il fallait que je  m’imprègne de son énergie et que je m’en serve comme modèle. C’est ce que je fais à ce moment précis où j’ai envie d’envoyer valser les macarons que j’ai ratés.

Un bourrage de crâne de « je peux le faire, je peux y arriver, je ne suis pas une faiblasse ». Je n’ai pas votre technique, mais j’ai le mental et je vais vous le prouver. 

Le thème demandé pour la structure de macaron est « l’enfance ». Je pars donc sur Halloween, (fête que je n’ai absolument jamais fêtée étant petite). Je sais que je peux faire la différence sur les décors. Je donne tout vraiment, je suis à bout comme jamais. Le chrono sonne. Enfin… c’est la fin. Personne n’aura réussi à sortir 100 macarons. J’en ai 79.

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Malheureusement Gérald, Mounir et Stella n’ont pu sortir que quelques macarons. Mais ils n’ont pas abandonné et rendront quelque chose. Sabrina, Jean Marie et Agathe s’en sont sortis.  Après les beauty, c’est la dégustation.

J’apporte mon grand plateau en priant pour que mes macarons ne s’effondrent pas. Je n’ai pas le compte. Les trois membres du jury goûtent. Pas un mot. Les minutes sont interminables. 

C’est Yannick qui prend la parole. «Je t’attendais au tournant et tu ne m’as pas déçu. Je vais revoir ma recette ». Pluie de compliments de la part de Cyril et Mercotte. Je n’en reviens pas. J’ai essuyé tellement de critiques jusqu’à présent.

Enfin j’ai réussi une épreuve et ils sont fiers de moi. Leurs compliments me laissent sans voix, mais pas sans larmes. Je crois même me souvenir avoir dit à Cyril que j’avais trop de buée dans les yeux et que je  ne les voyais plus.  Cyril qui me dit « Je suis vraiment fier de toi », à ce moment-là ça j’ai 4 ans et faibli.

Les larmes me montent aux yeux, je suis à deux doigts de pleurer. Tant d’efforts récompensés par ces quelques mots. C’est le kiff total. Ce moment précis jamais je ne pourrai l’oublier. Épuisée mais heureuse. HEUREUSE de ne pas avoir baissé les bras, heureuse d’être enfin fière de moi.

Meilleur Pâtissier de la semaine : QUOI ?????????????? MOI ??????????????

La cérémonie spéciale  « cartes blanches et meilleur pâtissier » commence. Je sais que j’ai réussi mon épreuve signature et créative, en revanche, j’ai complètement foiré ma technique.

Pour moi il est donc inenvisageable d’être meilleur pâtissière. D’ailleurs pour être vraiment honnête, je ne me pose même pas la question. Je ne veux juste pas être en rattrapage. Pas cette semaine s’il vous plait. 

Faustine annonce alors « et le meilleur pâtissier de la semaine est ……. Aurélie.  A ce moment-là j’étais en train de regarder mes chaussures, je me disais qu’il faisait super froid pour mettre des ballerines, mais du coup les Converses que j’avais aux pieds n’allaient pas avec mon jean. Yes… grosse réflexion n’est-ce-pas ? 

J’entends mon prénom de loin, mais de très loin, je lève la tête, regarde Faustine d’un air stupéfait. Je suis paralysée. Je dis « Quoi? Moi?  » je regarde ma copine Agathe qui me sourit, je regarde à nouveau Faustine qui me dit que c’est bien moi. Je suis choquée. 

Cyril et Mercotte expliquent  ce choix par rapport à ma ténacité,  le fait de ne jamais baisser les bras, et qu’a part le fraisier j’ai fait deux bonnes épreuves. Bref, tellement d’émotion en une seule journée.

Je reprends confiance en moi comme jamais. Je me sens enfin à ma place dans ce concours ‘il était temps au bout d’un mois !). Je suis si heureuse.

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(Ok, j’ai une coiffure douteuse, mais bon, à côté de Yannick et de sa longue queue de cheval… ça passe inaperçue…)

Portrait du meilleur pâtissier

Chaque Pâtissier de la semaine a droit d’avoir son portrait… Jérémy a une idée un peu décalée pour moi…. Je vous laisse voir ici

En mode décalé, et qui met vraiment bien en avant mon côté « self control » je trouve…

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