Je sors d’une semaine plutôt positive « Meilleur Pâtissier de la semaine », carton avec mes macarons, franchement je suis bien !
Ce weekend, nous l’avons passé au château en partie. Le samedi, nous jouons au badminton entre deux ITW, il fait beau, le soleil brille enfin. Tout est léger. Nous sommes 6 candidats. L’esprit d’équipe se ressent encore plus ce weekend.
L’équipe technique est en weekend à 90%. Terminée l’agitation autour de la tente, terminés les câbles et les caméras. Nous profitons de ce lieu d’exception pleinement. Le temps est comme suspendu. Nous rentrons à Paris le soir. Les autres candidats iront à l’hôtel et les parisiens chez eux !
Nous nous retrouvons bien entendu entre nous le soir pour aller dîner. Ça parle bouffe, ça rêve bouffe et ça dort bouffe. Une passion partagée à 100%, nous parlons le même langage, oui c’est absolument magique de savoir qu’on peut parler ‘insert, de pousse, de tempérage ou encore de pâte inversée sans avoir peur d’ennuyer son interlocuteur.
Nous rentrons dans notre « Van » au château le dimanche soir. On dîne au « catering » où nous retrouvons un buffet très complet avec beaucoup de choix. Nous partons au gîte pour dormir quelques heures. Demain c’est lundi, 1ère journée de tournage de la semaine 5… et cela va être chargé. On le sait.
ÉPREUVE SIGNATURE
Tarte tatin « sablé breton, pomme/pamplemousse
Nous commençons par l’épreuve signature : Une tarte tatin.
Je suis super confiante, peut-être un peu trop. J’ai fait chez moi une tarte tatin un peu original qui était très bonne. Je vais la refaire.
Il s’agit en fait de faire un sablé au pamplemousse que l’on fait cuire au four. Dans une poêle je fais un caramel à sec, j’y ajoute du jus de pamplemousse, de la crème liquide et du beurre…. je fais revenir à nouveau mes dés de pommes. Cyril et Mercotte me mettent en garde sur la cuisson des pommes, sur le fait qu’elles soient bien moelleuses ! OK OK noté chef !
Avec un aplomb rare, je réponds à Cyril et Mercotte que je suis confiante, sure de moi, que je maîtrise parfaitement la recette, que oui je prends un risque, mais qu’ils ne seront pas déçus.
Je mets au congélateur mes demi-sphères de pommes/pamplemousse/caramel/gélatine. Normalement si tout va bien, je démoulerai mes demi-sphères, et je n’aurai qu’à les poser sur mon sablé. Ça, c’est dans un monde normal, ou le congélateur aurait fonctionné. Même mes mini demi-sphères n’ont pas prises.
Faustine nous indique qu’il reste 2 minutes, je dois impérativement démouler mes pommes. Et là c’est le drame : Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais rien n’est congelé. Rien. Je me retrouve avec une espèce de compote à étaler sur mon sablé. J’ai les larmes aux yeux. Je suis furieuse car je sais que je n’ai pas raté et que c’est à cause de cette cellule de refroidissement (que l’on ne voit pas à la télé) qui n’a pas fonctionné.
Même mes minis demi-sphères d’ 1.5cm de diamètre n’ont pas congelées !!! Ce n’est pas de la mauvaise foi, je suis la 1ère à reconnaître mes erreurs, mais là non. Je me dis que je vais passer pour une conne, qu’il y a encore une heure je rigolais en disant à Cyril et Mercotte que je maîtrisais parfaitement la situation…
Le chrono retentit. On ne touche plus à rien. Le caméraman me colle, « Tibon, c’est son prénom », est adorable. Mais à ce moment-là j’ai envie d’être odieuse, et de lui dire de partir et d’arrêter de mes filmer, mais la règle c’est la règle. Je dois faire une ITW à chaud, je dois dire « que j’ai raté, que c’est immonde, que j’ai honte de rendre ça, que j’ai envie de me cacher derrière le frigo ». Je suis excédée, je pars au fond de la tente, ne pouvant retenir mes larmes plus longtemps.
Alors oui, je m’étais jurée de ne pas verser une larmichette durant le tournage, j’ai toujours trouvé cela exaspérant quand je vois une candidate chialer quand elle a raté un choux à la crème, je trouve cela merveilleusement RIDICULE. Sauf que là, la candidate c’est moi. C’est moi qui suis en train de pleurer car j’ai raté une tarte tatin (whaou, vrai drame de vie non?)…
C’est fait que voulez-vous. La fatigue, le stress, la tentative de contrôle de soi en permanence font qu’a un moment on craque. Je craque, tu craques, il craque, nous craquons, vous craquez, ils craquent. Verbe du 1er groupe : Craquer.
La dégustation se fait dans la douleur, dans la retenue de mes larmes qui ne demandent qu’a avoir leurs moments de gloire… et passer à la télé… elles aussi…
Je n’arrive pas à m’en remettre. Échec cuisant. Je reçois à ce moment précis un texto de ma boss : « Alors comment ça se passe? », je lui réponds dans la seconde que ça ne va pas, que je serai sans aucun doute la prochaine à sortir », que j’ai complètement foiré mon épreuve.
Mais que n’avais-je pas dit !!! Je me fais remonter les bretelles comme jamais, j’aurai raté une production à 500 000 euros, que ça aurait été pareil. Que j’ai un mauvais état d’esprit, que c’est une compétition, qu’il faut être fort mentalement, qu’il faut que je me bouge and co….
L’échange de texto s’arrête. Ça me fait comme un déclic. Je me dis que tant que je ne suis pas dans le train du retour, rien n’est perdu. Ça y est, j’ai avalé une pile Duracell, je suis regonflée à bloc. Merci…
ÉPREUVE TECHNIQUE : Le pastis gascon
Nous avons l’épreuve technique cette après-midi. Nous avions du faire une pâte quelques heures avant, sans savoir l’intitulé de l’épreuve.
Stupeur à la découverte de nos plans de travail. Nous avons chacun une grande table ou une jolie nappe blanche vient apporter une sorte de gravité à la scène. Nous nous regardons tous interloqués. Mais à quoi ça va pouvoir nous servir?
Le sujet tombe : Le pastis Gascon. OK… Jamais entendu parler. Mais Alors Jamais. Un vent de panique souffle sous la tente. En grand résumé, nous allons devoir étaler notre boule de pâte sur la nappe, de façon à recouvrir intégralement cette table. Il va falloir faire des gestes extrêmement techniques que nous ne connaissons pas.
Quand je vois que les candidats PROS de l’émission « Qui sera le meilleur Pâtissier » sur France 2, on a la même épreuve.. je rigole.
Un calvaire cette épreuve technique. Je vois Mounir qui cartonne. On peut lire le journal à travers sa pâte.
Je jette des coups d’oeil à droite à gauche. Gérald galère et a le même problème que moi. Il fait des trous avec sa pâte. Il re forme la pâte en boule et recommence comme moi. A force de faire cela, la pâte perd de son élasticité. Une catastrophe. Je suis morte de rire. Je trouve cette situation improbable.
Gérald prend un rouleau à pâtisserie, tentant le tout pour le tout. Je lui dis à haute voix que je vais le copier et faire comme lui. Ce n’est évidemment pas la technique demandée, mais il va bien falloir rendre quelque chose… Nous sortons tous finalement un espèce d’escargot non sans mal ! Mounir à l’air confiant et il a de quoi ! C’est une épreuve technique, donc une dégustation à l’aveugle.
Cyril et Mercotte ont l’air horrifié en découvrant nos œuvres. Pas cuit, pas cuit pas cuit pas cuit, pas croustillant, pas de chiffonnade, bref, c’est à peine s’ils goûtent ! Coup de théâtre, au moment des résultats, le jury nous annonce que cette épreuve ne sera pas notée vu « l’ampleur des dégâts ». Nous sommes tous surpris, au fond de moi je saute de joie, je sais que si je réussis l’épreuve créative, je ne serai pas forcement en carte blanche.
Nous serons donc notés sur deux épreuves cette semaine. Une chance immense vue la sublime tarte tatin du matin.
ÉPREUVE CRÉATIVE : Le vol au vent
« Le sacre de la langoustine »
Je suis super heureuse de cuisiner du salé ! Les autres candidats ne sont pas enchantés.
Oui nous faisons un concours de pâtisserie et nous sommes tous passionnés par ça, mais j’adore aussi faire du salé. La cuisine « salée » c’est aussi l’assurance de pouvoir créer, de pouvoir inventer, de pouvoir rater et se rattraper !
Le sucré, enfin la pâtisserie, demande une précision, une technique, une maîtrise, une rigueur parfaite. Je trouve complètement mon équilibre en faisant les deux. J’adore inventer des plats. J’adore également maîtriser une pâtisserie en m’étant entraîné des heures durant. Nous devons donc faire un vol au vent salé.
Après les heures passées à faire le mille-feuille, je peux dire haut et fort : je maîtrise la pâte feuilletée !
Je pars sur une semi rapide. Nous devons faire un vol au vent pour 6 personnes familial. Je propose 6 vols au vent individuel mais reliés entre eux par un petit bout de pâte feuilleté, un peu comme une couronne. Je les garnirai de quenelles de langoustine, crème langoustines, oignons grelots et asperges vertes rôties.
Nous découvrons que le guest n’est autre que Ghislaine Arabian, femme et chef d’exception que nous avons tous découverts dans l’émission Top Chef. Je suis RAVIE. Enfin une femme ! Ghislaine est d’une gentillesse ! A l’opposé de l’image froide qu’elle peut renvoyer dans Top Chef.
Nous commençons l’épreuve. Il fait 75° sous la tente. Je suis stressée pour la pâte feuilletée.. dresser le vol au vent avec cette chaleur va être compliqué… Cette recette de quenelle et de crémeux aux langoustines, ce n’est autre que Le MOF Leuranger qui me l’avait donné un jour. Un vrai délice. Il fallait que je sois à la hauteur devant Ghislaine, Mercotte et Cyril.
Je me lance. Cyril me reproche d’avoir laissé les têtes des langoustines dans ma crème… ça me déstabilise un peu. Pourtant il y a deux écoles et je ne considère pas cela comme une faute. Ghislaine viendra quelques instants après me rassurer.
J’ai un vrai doute concernant la cuisson de mon vol au vent. J’ai l’impression que la pâte ne s’est pas assez développée… On verra bien. Je goutte ma sauce, mes quenelles et honnêtement je trouve ça bon.
Concernant le décor, je suis encore partie dans un trip un peu spécial… Mon vol au vent ressemblant à une couronne (si si, quand vous fermez les yeux à moitié on imagine très bien une couronne !) et voulant mettre la langoustine en avant, je décide de partir sur « le sacre de la langoustine ».
J’ai quand même pris une de mes robes bleu pour ma mise en scène… découper des photos de crustacés.. (bah oui il fallait bien faire des portraits des membres de la famille de notre langoustine…). Bref, un gros craquage qui me fait beaucoup rire.
Je sors mon vol au vent du four, vu les problèmes de cuisson que j’ai dû essuyer ces dernières semaines, je prie le grand saint de la cuisson pour que mon feuilleté soit cuit. Je doute. Je doute. Je sais que la garniture est bonne mais je doute.
Quand j’apporte mon plateau aux membres du jury, je suis stressée. Ça sera à double tranchant, soit c’est dingue, soit ce n’est pas cuit et donc mauvais. Je me dis alors qu’ils doivent me prendre pour une vraie folle en voyant ma déco. Non non je ne me drogue pas… Je suis née comme ça, barrée.
Ma sœur jumelle a dû prendre tout le côté « logique, cohérent, carré », j’ai pris le côté taré. Bon, allez, c’est l’heure du verdict. Ghislaine goûte mais ne dit mot. Cyril goûte mais ne dit rien. Mercotte goûte est ne bouge pas. Mon cœur bat à 1000 à l’heure. Ghislaine me dit alors que c’est intelligent d’avoir mis des quenelles de langoustine pour le clin d’œil des quenelles de Lyon, que le goût y est and co.
J’avoue attendre avec impatience la diffusion de l’émission, car lorsque le jury me fait des compliments, et bien je n’entends plus rien. Je sais que le jury m’a fait beaucoup de compliments mais malheureusement, impossible de m’en souvenir. Peut-être que finalement je suis plus à l’aise avec des critiques qu’avec des compliments.
Enfin, plus habituée dirons-nous. Je me souviens juste que c’était un super moment, que ça m’a donné une force de dingue pour la suite, une envie de me battre encore plus. Je repars à mon plan de travail HEUREUSE.
Verdict de la semaine :
J’ai raté ma tarte tatin mais j’ai cartonné mon épreuve créative.
L’épreuve technique n’a heureusement pas compté. J’évite de peu le rattrapage !
Le meilleur pâtissier de la semaine est Mounir !
Direction Semaine 6 où nous enchainons le tournage dès le lendemain matin.