Dernière semaine, dernières confidences. Cette semaine a été particulièrement difficile.
Je passerai l’épreuve du Royal et de l’Opéra. Le guest de l’épreuve créative est Patrick Roger, chocolatier hors pair, connu et reconnu, je suis une fan absolue de son travail.
Je fais des chocolats chez moi, donc je ne suis pas plus stressée que ça.
On va tous avoir un immense problème de tempérage… Impossible de réussir du premier coup nos bonbons… Je recommence et ne lâche rien, je suis folle de rage de ne pas arriver à refaire ce que je sais pourtant bien faire. Par miracle, à un moment, ça marche.
La dégustation se passe plutôt pas mal, les ganaches sont réussies. De toute façon je sais que je pars en rattrapage. Les dés sont jetés. Mais je m’en fiche. Je suis shootée au Guronsan depuis 3 jours.
L’épreuve de rattrapage est pourtant une épreuve « simple ». Des choux et du chocolat. Je fais des pièces montées sans problème et le chocolat noir est une vraie drogue pour moi. Cela ne devait donc pas être un enfer…
Je ne dis absolument pas que j’aurais réussie à aller en finale si je m’étais donnée à fond, je souligne (tristement, honteusement), que je suis à bout, que je vis déjà très mal d’être en 1/2 finale, que la semaine a été très difficile et que je me vois vraiment mal prendre à Agathe ou à Gégé une place en finale.
Je crois que j’ai atteint mes limites depuis longtemps déjà, mais cet instinct presque de survie m’a emmenée jusqu’en 1/2 finale. J’aime avoir le dernier mot, avancer, réussir, me dépasser. Coûte que coûte je m’étais promis d’aller le plus loin possible.
Je repense au jeu débile que je faisais avec sœur jumelle quand j’étais petite avant de dormir. Nous avions des lits superposés. C’était à celle qui aurait le dernier mot. Pas une fois je n’ai perdu à ce jeu. Un défi personnel. Cela promettait pour l’avenir.
Alors OUI, c’est beau d’écrire et d’hurler que je suis une compétitrice dans l’âme, que je tuerai père et mère pour réussir et monter sur la 1ère place du podium, mais non. Ce n’est plus le cas. Je déteste le chocolat blanc. Je déteste ça. J’ai cruellement fait une crème pâtissière au chocolat blanc… alors que ça n’a aucun goût !!!
Je me tire presque inconsciemment une balle dans le pied. La dégustation n’est pas une surprise. Je suis OUT. Je suis OUT et soulagée, épuisée d’avoir dormi 5h par nuit pendant un mois et demi, mais heureuse de voir trois candidats qui méritent plus que tout de vivre cette finale.
Voilà un petit enfin résumé que j’avais écrit il y a 6 mois déjà…
Quand je le relis, je souris, je souris de voir que mes craintes étaient justifiées.
A vos marques, 3, 2, 1 LISEZ !
Coulisse d’un monde inconnu / La télévision… / Rituels et petites habitudes d’une journée ordinaire…
Premier pas dans ce monde « télévisuel ». Non mais que croyez-vous ? Qu’il suffit d’une caméra et d’un petit micro posé sur soi pour faire une émission de télé? QUE NENNI mes petits… Si on ne le vit pas, on ne peut pas imaginer le nombre de personnes et de tonnes de matos qu’il faut. Ils sont 100. 100 sur le plateau à gérer le son, la vidéo, les ingrédients, bref une machine de guerre est en marche. C’est un réel plateau de tournage.
Alors oui, lorsque je vois tout ça, je me dis que je suis en train de réaliser un autre rêve que j’avais depuis longtemps, à savoir : tourner dans un film.
Et bien je vais être servie ! Des rituels de tournage, il va y en avoir !
Au début très sincèrement je trouve tout « génial », le « microtage » me fait marrer, deux ingé sons qui farfouillent votre tablier pour accrocher le fameux micro (qui captera et enregistrera le moindre soupir). Petite impression grisante d’être une personne hors norme. Les semaines passent et ce que je trouvais marrant au départ je vais le trouver chaud. Je dis chaud car le micro, du moins la batterie du micro chauffait !!!
- Rituel n°1 : Vous avez sûrement remarqué, mais nous sommes toujours tous très bien alignés derrière nos plans de travail, chacun à son « emplacement » bien marqué d’une petite croix au sol… (Oui là aussi, vous ne pensez pas que les candidats se calent tout naturellement de façon à tous être bien cadrés…
- Rituel n°2 : Une fois à notre place nous mettons TOUS nos tabliers de cuisine. Mais le plus drôle, c’est qu’on nous demande ensuite de les retirer et de les remettre, deux par deux (autre plan d’une autre caméra) et là tout s’éclaire enfin ! Pourquoi on se lève aussi tôt et pourquoi on se couche aussi tard ? Tout prend un temps de dingue en fait. C’est ça la télé, patience, patience, patience : tout ce que j’incarne… où pas.
- Rituel n°3 : Regarder d’un air grave, Franck, le 1er assistant, qui est un mec absolument génial en passant. Nous devons donc le regarder dans les yeux, de préférence avec un air sérieux, la paupière frétillante, la bouche tremblotante, (bon ok j’exagère). Il se fait passer pour Faustine afin que l’on fasse des plans de coupe.
Contrôler son image OU pas… : Je pâtisse donc je suis ?
Coiffure, maquillage : Non mais ALLO QUOI ! On n’a pas de maquilleuse pro?
Vous devez savoir également que nous ne sommes que des candidats, des candidats qui faisons un concours de cuisine, nous ne sommes pas sur MTV pour un concours de mannequin… (Oui ok là je me serais demandé s’il n’y avait pas eu une énorme erreur de casting), tout ce blabla pour vous dire, que NON nous ne sommes pas coiffés et maquillés comme des stars par des pros. Excusez donc nos cernes, nos cheveux fous, nos barrettes mal placées, le teint blafard avec cet hiver en plein printemps.
La 1ere semaine, je pense que j’essaie de tout contrôler à fond, tout, je réfléchis avant de parler, du moins j’essaie, je me lève encore plus tôt que le coq pour checker mille et une fois ma tronche et coiffer le cheveux de façon à ce que la mèche X21 soit bien parallèle à la X22, bref, un contrôle total.
Sauf que je ne peux pas tenir ce rythme longtemps, et que OUI, je l’assume je préfère décaler mon réveil de 7 minutes… quitte à ressembler à une chauve-souris (oui comparaison douteuse mais moi ça me fait marrer). J’ai tellement pris mes aises que je checkais ma tronche grâce à la vitre du micro-onde… Et oui il fallait bien trouver un plan B que voulez-vous…
ITW quand tu nous tiens : Essaie un peu de me faire pleurer…
Dans les rituels du tournage, il y a les ITW… Interview pour les novices. ITW pendant que l’on cuisine et ITW dites ‘narratives » c’est à dire que l’on part 40 minutes avec un journaliste en entretien individuel livrer nos impressions sur l’épreuve que l’on vient de réaliser. Alors c’est sympa lorsque l’on a réussit, mais blablater sur un bel échec, c’est long, et je préférais à la limite boire une bonne tasse de lait…
Douces Itw donc, certes déstabilisantes, pas moins énervantes… En résumé, je suis en train de cuisiner, (pâtisser comme ils disent), je fais cramer un truc et à cet instant, la journaliste attitrée du jour accompagnée de notre caméraman (qui nous filme à moins de 0,5 cm non-stop), nous pose donc la question qui tue : Alors Aurélie tu viens de foirer complètement ton dessert, on voit que tout est cramé !, que ressens tu à ce moment précis?
Oui, je suis humaine, et je suis donc prise d’une envie de l’envoyer bouler mais très très très loin, d’être vulgaire même, et de clairement m’énerver (ce qui est assez rare chez moi…). Mais ce comportement est un comportement que j’aurais pu avoir dans la vie réelle, sauf que je suis en plein « self control », et que je réponds tout simplement que l’épreuve n’est pas terminée, et donc que rien n’est perdu. A ces mots, je m’entends parler, et je me dis que ce n’est pas moi qui parle mais mon double…
OK vu le montage, cela n’a pas dû se voir dans l’émission, mais je me suis contrôlée mais contrôlée comme jamais ! Sauf que le contrôle comme je disais, ça va un instant. Mais le naturel revient vite au galop et les questions posées au plus mauvais moment, (dites d’une façon tel que le Dalaï-lama aurait une envie soudaine de tuer quelqu’un…) en font une autre épreuve à part entière.
Les ITW narratives sont douloureuses, si nous pouvions éclater de rire et pleurer à chaudes larmes, nous avions droit à un bonbon… Joke. Je me souviens lors d’une ITW que j’ai eu envie de chialer tout le long de l’entretien. Je me retenais, ne voulant surtout pas leur offrir ce cadeau. La caméra s’éteint, je ne retiens plus et déverse un torrent de larmes. Le journaliste est dégoûté d’avoir loupé ça ! Ça sera ma victoire du jour…
J’ai eu très souvent une journaliste pendant les épreuves qui s’appelait « Gwenola » et un caméraman qui s’appelait « TIBON ».
Au départ, j’avais super peur de Gwen. Elle avait un regard perçant, une tessiture de voix flippante et une façon de poser ses questions exaspérantes. J’en avais peur donc. Elle m’énervait tellement que je me suis dit « tiens et bien à moi de l’énerver. Elle n’attend qu’une chose, c’est que je craque, que je me livre, que je sois super entière et naturelle. Mon pain d’épice s’écroule 20 minutes avant la fin, il y a de quoi péter un câble !
Et bien non ma chère Gwen, tes questions qui me dérangeaient m’ont justement permis de découvrir que j’avais une force insoupçonnée en moi ! Que je savais garder le contrôle quand je le voulais vraiment. Gwen, ma Gwen, MERCI, tu m’as rendu tellement plus forte, et la peur que j’avais j’ai su la transformer.
Une fois que j’ai compris que le ton employé n’était pas « contre moi », mais que c’était ton boulot, et bien tu t’es transformé en alliée de choc. Quand ce n’était pas Gwenola qui me rendait folle, c’était Tibon, mon caméraman que j’ai adoré comme détesté !
Pour lui faire comprendre qu’il me rendait ouf à me filmer non-stop de très près et dans des situations bien entendu par très favorables, je faisais exprès de regarder SA caméra…. (chose interdite)…
Il y a bien entendu eu des moments où j’étais super énervée, je me fous à cet instant que Mme duchemolle assise les doigts de pieds en éventail devant sa téloche me critique. Je suis née stressée, je suis née chiante, je suis née compétitrice, je suis née comme ça et je mourrai comme ça et si ça ne plait pas, et bien allez sur France2 !
Oui il m’est arrivé de sourire pendant le tournage !
CRITIQUE DU PUBLIC / EGO surdimensionné? ou Peur normal pour candidate normale?
Voilà, rien de l’écrire ça me fait du bien, car combien de fois ai-je pu appréhender ce moment de diffusion ???? « Mais que vont penser les gens de moi? Mais que vont-ils dire ? Vont-ils me critiquer? Et mon vernis à ongle… je vais faire scandale… Bref, oui j’avoue que le regard des autres est important… mais non il ne me gâchera pas la vie, c’est décidé. Il est temps d’assumer… ce que j’ai fait, et ce que j’ai dit (WHAOU, je pourrai m’auto filer 70 balles d’analyse de psy là). Plus qu’à prier pour que l’auto persuasion fonctionne…
J’ai toujours rêvé d’être actrice, toujours, j’ai pourtant fait 8 ans de théâtre, et j’adorais ça. Je pense que les actrices, acteurs, comédiens, comédiennes, ont un EGO surdimensionné. Et bien comme le mien. Un besoin immense d’avoir de la reconnaissance, d’être aimé et surtout de le savoir. Ne pas décevoir, son père, sa mère, sa famille, ses amis, ses collègues, ses boss ! (Impensable…).
Bref faire ce concours est une exposition à laquelle je n’étais pas du tout préparée. D’un côté c’est fabuleux, grisant, excitant, et tout ce qu’il y en AN comme adjectif, et d’un autre côté c’est accepter de se confronter au regard des autres.
La critique culinaire je la prends bien, et cela ne me fait pas peur. Mais la critique bien gratos du téléspectateur que je ne connais pas et qui ne me connait pas, et bien ça… Ça m’angoisse énormément…
Ne pas être aimé du public, pire, être haie comme Naoelle a pu l’être. Effrayant. Voilà c’est un peu le revers de la médaille, tu t’exposes, on te félicite pour ton parcours, pour le courage que tu as eu au moins d’avoir osé te présenter d’un autre côté, tu peux potentiellement te prendre baffe sur baffe sur les réseaux sociaux.
Bref encore une fois j’écris ces mots à la sortie du concours, la diffusion n’est prévue que dans 3 ou 4 mois… We’ll see…
6 mois plus tard, le 17 décembre 2013
Et bien « we’ll see’ comme j’ai pu écrire il y a six mois… Je l’ai vu. Je l’ai vécu et je l’ai pleuru ! Ah non Pleuru ne se dit pas ! Non je n’ai même pas pleuru, mais oui j’ai été déçue.
Déçue du montage, déçue de n’avoir été associé qu’a de nombreux Putain Merde Fais Chier ! Déçue que beaucoup de téléspectateurs m’aient jugée sévèrement. J’ai d’ailleurs été étonnée de la méchanceté de certains. Pour tenir, je me répétais en boucle que ce n’était que de la jalousie et qu’ils devaient avoir une vie peu passionnante et que l’unique moyen d’arriver à ressentir une certaine adrénaline c’était d’écrire ce genre de message « Qu’elle s’en aille cette pute d’allumeuse, ce n’est qu’une merde ». Soit. Faisons avec.
C’était tellement prévisible ! Nous n’avons pas tourné l’école des fans… où tous les gentils petits enfants repartaient avec des cadeaux (oui même celui qui finalement n’avait pas réussi à chanter plus de 10 secondes d’affilées sa chanson !).
Non, le meilleur Pâtissier n’est pas QU’UNE émission « Bon enfant » comme ils aiment à le dire… C’est aussi un scénario, digne des plus beaux Walt Disney, avec la belle et la bête, la fée clochette, la sorcière, le roi et j’en passe. Nous sommes des personnages. Nous le savions, nous avions signé pour ça. C’était à prendre ou à laisser. Il est temps d’assumer.
J’ai dû perdre à la courte paille lorsque les rôles ont été attribués.
Peu importe, si c’était à refaire, critiques incluses, je resignerai demain sans hésiter. Car c’est aussi des rencontres de dingues, je pense à Ben, Gérald, Mounir, Isa, Stella et Agathe, (3 filles remarquables). A Faustine qui me faisait mourir de rire, à Cyril Lignac pour ses haussements de sourcils terrifiants, à Mercotte bien sûr qui a été un soutien et un juge juste (super dure à prononcer « Juge Juste », ok ok passons. A Franck, qui s’étonnait que je ne sois pas virée chaque semaine mais qui était si encourageant en même temps ! A Gnew, ma journaliste, qui a passé la majorité des épreuves à m’interviewer, qui m’énervait tant à me refaire recommencer mes phrases « Aurélie !!! Sujet, Verbe,Complément », On la refait ! » Merci Gnew. A Kosta et Hélène qui ont tout fait pour que nous réussissions nos épreuves au mieux. Je n’oublie pas tout le staff… qui a fait un travail de dingue, les caméramans, les ingé sons… tellement de personnes. MERCI.
Je n’ai pas de regrets, cela ne sert à rien. J’ai encore plus envie d’apprendre, de rencontrer d’autres passionnés qui ont des étoiles dans les yeux. C’est certes la fin d’une histoire, d’une aventure merveilleuse, mais sûrement et je l’espère le début d’une autre…
Ce n’est qu’un au revoir.. nous nous retrouverons…
ET surtout un immense BRAVO A MOUNIR qui a remporté cette saison 2 !